Argumentaire de la conférenceLes nombreuses situations de multilinguisme et du multiculturalisme que l'on observe dans le monde proviennent essentiellement des changements qui affectent les langues parlées par les populations constituées. Parmi ces changements, on note l'introduction dans le système scolaire de l'enseignement/apprentissage des langues et des cultures qui en découlent. En effet, Le multilinguisme et la multiculturalité des populations nous amènent à réfléchir sur une méthode de transmission multiculturelle et bilingue des cultures à l'école (Ndibnu-Messina, 2009). L'évolution vers l'utilisation universelle de la forme écrite d'une langue nationale qui se distingue bien souvent de la langue orale d'une aire linguistique provient de la méconnaissance du tracé des frontières politiques et des réalités linguistiques y afférentes ainsi que le fait que les langues aient été imposées par les puissances coloniales (langues officielles et langues étrangères) (Mba et Sadembouo,2012). Les études diachroniques des langues maternelles font référence à la formation de/en langue qui est sans cesse en permanentes mutations. Ce dynamisme linguistique provient de la cohabitation avec les langues environnantes et/ou appartenant à la même famille de langues (Mba 2015 ; Mba et Djiafeua 2019). Le développement de ces langues fait suite à une contribution des Professeurs Gabriel Mba et Etienne Sadembouo. Une langue ne saurait être protégée et valorisée si la population qui la parle y décèle un intérêt primordial. Ainsi, le langage en prenant en compte les facteurs externes et les facteurs internes à la langue envisage l'évolution de cette langue dans un contexte sociolinguistique et socioculturel. Le Cameroun, Afrique en miniature, occupe une place stratégique et privilégiée en ce qui concerne la charte linguistique. Selon (Dieu et al. 1983), le Cameroun compte plus de 248 langues nationales, de manière plus concrète et plus explicite, Bitjaa kody (2003) affirme que le Cameroun compte deux cent quatre-vingt-cinq langues locales dont vingt-deux langues mortes et deux cent soixante-trois langues vivantes. Les langues officielles étant le français et l'anglais. Ce phénomène de multilinguisme et de multiculturalisme n'est pas particulier au Cameroun. L'Afrique, l'Europe et les Amériques, pour ne citer que ces continents, gèrent cette dynamique multilingue et multiculturelle dans les écoles, l'administration, le commerce, etc. L'opportunité de collaborer harmonieusement appelle un vivre-ensemble stratégique et codifié. Les autochtones, les migrants et toutes les strates des populations dans le monde y sont confrontés. Le vivre ensemble vécu dans l'harmonisation des langues internationales européennes souvent langues officielles en Afrique et des langues autochtones, maternelles ou nationales dans les différents établissements scolaires où les langues locales/autochtones sont déjà enseignées trouve son essor suite au perpétuel combat mené par des chercheurs en occurrence les Professeurs Sadembouo et Mba qui s'investissent dans l'application des clauses adoptées à ce sujet dans le monde. Sadembouo (2005) marque l'impact du développement des curricula en se focalisant sur les procédés de standardisation, de documentation et d'auto-alphabétisation. Le partenariat langues entre les langues internationales et les langues minoritaires met en exergue l'apport des langues dans le développement économique (Metangmo-Tatou, 2019). Il est possible de verbaliser sa pensée et de s'intégrer dans le monde qui l'environne est un apport essentiel. La langue participe aux actions commerciales, au développement de la documentation et un nouveau colonialisme, garant d'une hégémonie politique et financière. La langue s'industrialise et est vectrice de la culture. Elle encourage les uns et les autres à demeurer enracinés dans les valeurs traditionnelles et culturelles. La langue, qu'elle soit identitaire ou nationale, revêt des valeurs littéraires, historiques, coutumières et endogènes (Tadadjeu 1985). En revenant sur l'éducation, aspect le plus abordé par Gabriel Mba et Sadembouo, la langue identitaire favorise l'intelligibilité mutuelle, la compréhension des comportements des personnes, le respect d'autrui et contribue à préserver la richesse du patrimoine culturel et traditionnel enraciné dans toutes les langues du monde. La compréhension d'une langue est l'objectif premier de l'apprentissage, car elle précède la production orale (Tadadjeu et Sadembouo 1984 ; Tadadjeu et Mba 1997 ; Tadadjeu et al. 2004, Assoumou, 2007, 2010). La culture et la langue de l'apprenant sont des facteurs primordiaux à intégrer dans un processus d'apprentissage, partant de l'adage si l'on se réfère au principe qui stipule que pour être efficace, l'apprentissage doit s'accomplir dans la langue avec laquelle on pense et non dans celle avec laquelle on parle. La langue et la culture ne sont pas des indicateurs de géographie et d'ethnicité. Elles incluent d'autres caractéristiques comme la profession, les intérêts et les passions des groupes et des communautés. Cela rejoint les orientations adoptées par l'Unesco en 2005 dans ses réunions thématiques sur le multilinguisme et la diversité culturelle qui affirment qu'un « véritable cyberespace multilingue ne peut plus être dominé par quelques langues mondiales et qu'il est indispensable de donner une plus grande place aux langues minoritaires. Si les politiques et les programmes au niveau national sont de toute première importance, le niveau local a un rôle crucial à jouer, car la construction de sociétés du savoir pluralistes et ouvertes à tous commence par la base » (UNESCO, 2005). L'enseignement bi/plurilingue, resté à un stade embryonnaire dans les années 80 et renforcé par les actions de l'OIF et de l'AUF, permet l'association de 2 langues dont une identitaire qui permet une bonne intégration de l'apprenant dans la société. Au-delà, le système de formation bi/plurilingue permet d'aborder les disciplines non linguistiques (Ndibnu-Messina Ethé, 2018), la traduction et la terminologie relative à ces DNL (Manifi et Ndibnu- Messina Ethé , 2022) et toutes les formes d'apprentissage impliquant une analyse contrastive (Ogwana, 1996), une élaboration du matériel didactique (Mba, 1984) et l'insertion des outils numériques dans le processus d'apprentissage (Ndibnu-Messina Ethé, 2013, 2014, 2017) comme prôné par le département de Langues et cultures camerounaises coordonné par Gabriel Mba ou de documentation (Atindogbe et Ebongue, 2019). Ainsi, les dynamiques multilingues et multiculturelles peuvent être expliquées par des évidences politiques, diachroniques, sociolinguistiques ou alors pédagogiques.
Axe du colloque
Le colloque scientifique en hommage aux Professeurs Etienne Sadembouo et Gabriel Mba pourra notamment développer des communications autour des axes thématiques ci-après. Axe 1 : Dynamiques linguistiques, multilingues et multiculturelles. Axe 2 : Didactique des langues africaines - Enseignement bi/plurilingue - Éducation multilingue et environnement numérique d'apprentissage Axe 3: Documentation des langues africaines - Description linguistique - Matériel didactique - Lexicographie, traduction et terminologie - Dictionnaires Axe 4 : Alphabétisation et éducation non (in) formelle en Afrique Axe 5 : Politiques linguistiques, culturelles et éducatives - Langues africaines et ODD - Politiques culturelles en lien avec les langues africaines - Politiques de langues en éducation et formation Axe 6 : Dynamiques sociolinguistiques et (re)vitalisation des langues minoritaires - Communication en/des langues africaines dans les médias - Désinformation en langues maternelles - Analyse du discours, pragmatique en/des langues africaines Axe 7 : Environnement numérique pour l'apprentissage en langues africaines Enseignement assisté par ordinateur Enseignement à distance Outils numériques mobiles. |
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